Je n’avais jamais joué à toute la saga Metal Gear Solid jusqu’au mois d’avril 2014, où j’ai réalisé que je pourrais manger les pissenlits par la racine en passant à côté d’une oeuvre majeure du 21ème siècle. Epaulée par ma moitié, j’ai repris la saga du début :
- Metal Gear Solid, que j’avais découvert grâce à la version Graphic Novel d’Ashley Wood est, sans surprise, beaucoup plus intense en jeu. J’ai été très impressionnée par les boss.
- Sons of Liberty, le seul opus que j’avais déjà fini auparavant. Ce fut un véritable plaisir de combattre aux côté de Solid, d’autant plus héroïque connaissant maintenant l’histoire de Shadow Moses.
- Snake Eater, j’avais tenté à plusieurs reprises de le faire, mais le début m’a toujours refroidi (faut dire que la jungle, comme la forêt, c’est pas mon truc). On en fait des choses stupides parfois. L’histoire et les personnages de Metal Gear Solid 3 m’ont tenu en haleine jusqu’à la fin. Mention spéciale pour Ocelot évidemment.
Nous voilà à Guns Of The Patriots. Contrairement aux précédents opus, j’ai ressenti une grande pression à l’insertion du disque. En tête, me reviennent les différentes bande-annonces de l’époque, notamment celle où un Solid grisonnant pointe un pistolet vers sa tête. Sur l’écran d’accueil, une vidéo d’un cimetière où il se recueille puis en vient à une tentative de suicide similaire. Deuxième scène du jeu : des soldats se déplacent dans un camion, une musique lancinante chantée en japonais derrière. Les combattants tombent les uns après les autres au fur et à mesure qu’Old Snake avance sur le terrain. Sacrée entrée en matière ! Et la suite n’est qu’une succession de drames, d'histoires plus traumatisantes les unes que les autres pour moi.
Old Snake
En commençant par Solid Snake, qu’on découvre tout gris, tout plissé de rides. Lui qu’on avait connu jeune et lisse (mais pixellisé). C’est la déchéance du héros, non pas parce qu’il cesse d’en être un, mais parce que son corps l’abandonne de façon prématurée. Et Kojima offre aux yeux du monde Old Snake devant son miroir en pantalon de pépé. C’est dans ces conditions qu’il sauve à nouveau le monde, plus héroïque que jamais lorsque j’ai rampé douloureusement avec lui jusqu’aux Patriots.
Raiden
Avant la sortie du jeu, je jubilais en découvrant la danse sanglante entre Raiden et Vamp, elle suggérait déjà que le corps du bleu de Metal Gear Solid 2 avait subi quelques modifications. « Quelques » étant relativement inapproprié, puisqu’en le voyant en détail, en le voyant craché du liquide blanc, on réalise que peu de parties de son corps sont encore humaines. Dans quel état d’esprit était-il donc pour voir ces mutilations comme une évolution ? En le quittant après Sons Of Liberty, je le croyais apaisé pour le découvrir dans le dernier volet plus pommé que jamais.
Sunny
Quand sa mère se sacrifie pour sauver sa fille kidnappée par les Patriotes, on redoute une enfance difficile. D’autant plus, que vous êtes recueillie par deux papas de substitution complètement geek et soldat parfait. Pauvre petite, habitant dans un avion, portant une tenue de femme à tout faire et cuisinant des oeufs au plat ratés. Des oeufs, que personne ne fait l’effort de manger. Sunny chantonne également de drôles d’airs comme la suite de Fibonnaci ou encore les éléments du tableau périodique.
Big Boss
La séquence qui m’a le plus marquée se situe à la fin du chapitre 3 lorsque l’on apprend que Big Boss est vivant, qu’il est dans une camionnette, sous la forme d’une sorte de cadavre à moitié rongé. Comment peut-on le laisser dans cet état-là ? Autant le laisser mourir en paix, non ? J’étais d’autant plus traumatisée à la fin de ce chapitre qu’Ocelot jette ce qu’on pense être le corps de Big Boss dans le feu. Big Boss dans le feu ! Pour une joueuse qui vient de revivre les moments forts de sa vie dans Snake Eater, quelle horreur !
Des machines à l'aspect humain
En tant que grande fana des dinosaures, j'ai adoré les geckos. A moitié organique et à moitié mécanique, leurs cris perçants d'animaux font transparaître leur agressivité ou la douleur éprouvée lors des lacérations de leurs jambes. J'ai ressenti de la compassion, mais mon instinct de survie m'a poussé à fuir ces monstres. Mon seul élément de réconfort du jeu était le Mark que je trouve trognon à souhait. Evidemment, il lui arrive des noises. Le premier modèle finit cassé par Vamp.
Vers un Metal Gear Solid 5
Je ne sais pas si j’ai réellement pris plaisir à jouer à ce qui aurait pu être le dernier volet de la saga, pourtant j’ai adoré Guns Of The Patriots. C’est l’un des meilleurs jeux auxquels j’ai pu jouer. C’est bien la première fois que je me retrouve devant une telle invraisemblance. Je reconnais là tout le génie d’Hideo Kojima. Prise de façon indépendante, ses oeuvres ont un style qui leur est propre. En tant que saga, leur continuité est cohérente et tous les épisodes convergent vers ce dénouement qui impacte émotionnellement le joueur (du moins moi). Je suis sortie lessivée de Metal Gear Solid 4, mais pour rien au monde je ne raterai le prochain. Je fais partie des fans qui ne savent pas dire stop à Hideo, ni à Snake et qui prend comme une bénédiction chaque nouvel opus.